-
21octobre21 octobre 2024 18:00-21:00
Club-Entreprises : Fondue politique
-
24octobre24 octobre 2024 11:30-13:00
PME et intelligence artificielle (IA) - Premiers pas
-
31octobre31 octobre 2024 07:30-09:00
Petit déjeuner des services: incapacité subite des dirigeants et mesures
Baromètre industriel - Etiage industriel et appréhension politique
Communiqué de presse - Baromètre industriel
Posté le 14.09.2020
Baromètre industriel
Le baromètre industriel de la Chambre d’économie publique du Jura bernois (CEP) met en exergue la réduction radicale de la dynamique du secteur secondaire consécutive à la pandémie de coronavirus. Liée à un affaissement de la demande globale et à une brutale érosion de la consommation mondiale, l’onde de choc s’est propagée à grande vitesse vers l’amont des chaînes de valeur pour impacter les moyens de production, les technologies de fabrication et l’industrie de soutien dont l’écosystème régional est en grande partie constitué. La dégradation attendue pour les prochains mois est cependant ralentie par rapport au premier semestre 2020, mais les incertitudes politiques offrent une source d’inquiétude supplémentaire et dispensable aux entreprises. Nombre d’entre elles assimilent en effet l’acceptation hypothétique de l’initiative sur l’immigration de masse et l’activation résultante de la clause guillotine annulant les accords bilatéraux à une catastrophe majeure entraînant des nombreux effets funestes pour l’économie suisse.
Anticipations pour le troisième trimestre
Le baromètre industriel de la Chambre d’économie publique du Jura bernois (CEP) est un instrument de compréhension des grandes tendances de l’industrie basé sur les anticipations des entreprises. Il s’évertue à décortiquer trimestriellement les prévisions des acteurs du secteur secondaire et à en extraire des synthèses prospectives. Cette perspective analytique est essentielle dans le Jura bernois où est localisée une part importante d’un système de production microtechnique interdépendant et complémentaire occupant près d’un emploi sur deux.
Les attentes en termes de volume d’affaires pour les prochains mois prolongent la dégradation brutale occasionnée par la pandémie de coronavirus. Si les conditions conjoncturelles avaient déjà montré les signes incontestables d’une détérioration en début d’année 2020, la propagation du COVID-19 a désormais déployé tous ses effets sur les activités industrielles selon les prévisions établies par les entreprises. Après les ruptures d’approvisionnement et la fermeture d’un marché essentiel pour l’industrie suisse, notamment horlogère, lors de la séquence chinoise de propagation, c’est une problématique mondiale qui affecte depuis le mois d’avril les activités de production. Moins que la phase suisse de confinement ou que les complications engendrées par les précautions sanitaires requises, c’est la demande mondiale et la consommation privée qui constituent désormais le cœur du problème. Cette configuration inédite affectant petites et grandes entreprise se dénote dans leurs prévisions attestant la poursuite d’un fonctionnement à un niveau exceptionnellement bas. « Ainsi, la pandémie de coronavirus a engendré, pour des raisons d’affaissement de la demande mondiale, un étiage de l’activité industrielle dont la durée reste une interrogation majeure inféodée à la levée des incertitudes sanitaires mondiales » résume Patrick Linder, directeur de la CEP.
Au plan des performances financières, les prévisions laissent entrevoir une poursuite, quoiqu’atténuée, de la péjoration des résultats et donc une diminution constante de la profitabilité des entreprises. Si ce paramètre montre une forme de stabilisation pour la période s’annonçant, il convient de rappeler que cette tendance baissière des résultats financiers est de longue haleine. Elle redéfinit durement l’équation de la profitabilité de l’activité et des marges requises pour financer la pérennité des entreprises. Une amélioration de ces aspects sera incontournable dès la sortie de crise.
L’investissement figure au premier rang des domaines frappés par le blocage de l’économie de production dont il est simultanément cause et conséquence. La rétention d’investissements, dans les équipements et les technologies notamment, engendre des effets importants particulièrement dans le cadre d’une structure industrielle de PME interdépendantes comme c’est le cas dans l’Arc jurassien. Déterminant au bout du compte la capacité d’innovation des entreprises, l’investissement fléchit de manière régulière depuis le début d’année 2020 pour la grande majorité des entreprises. Cette configuration doit alerter car elle conditionne la compétitivité de la place industrielle nationale à moyen et long terme.
Enfin, en terme de perception du développement de l’entreprise à vue année, le baromètre industriel de la CEP fait état de prévisions stabilisées. Cette projection indique, qu’à ce stade, les entreprises interrogées n’anticipent pas de réduction plus importante de leur organisation.
Une nouvelle préoccupation majeure pour les entreprises
Dans le cadre du baromètre industriel de la CEP, les entreprises ont été directement interrogées sur l’incidence pour leurs activités d’une éventuelle approbation de l’initiative de limitation de l’immigration de masse par le peuple suisse. L’impact de l’activation potentielle de la clause « guillotine » aboutissant à l’abrogation des accords bilatéraux entre la Suisse et l’Union européenne (UE) a été questionné dans le même temps.
Il convient en préambule de souligner l’importance que revêt la contribution de travailleurs frontaliers pour l’industrie régionale confrontée de longue date à une pénurie de compétences dans les métiers techniques, à tous les échelons et tous niveaux de formation confondus. Ce rôle est souligné et fait écho au scrutin de 2014, un traumatisme des consciences encore actif dans le monde économique. La rupture des relations entre la Suisse et l’Union européenne en cas d’activation de la clause guillotine condamnant les accords bilatéraux alarme incontestablement les entreprises.
Les conséquences directes et indirectes de ce scénario sont propres à chacune, mais des dénominateurs communs peuvent aisément être schématiquement décrits. D’une part l’UE est le premier débouché de l’industrie suisse et le marché clé de nombreuses entreprises, y compris de PME n’exportant pas directement mais interagissant avec d’autres le faisant. D’autre part, les chaînes d’approvisionnement s’étant largement internationalisées depuis les années 1980, de nombreux partenaires de l’industrie suisse, maillons de chaînes de valeur importantes, se trouvent dans l’Union européenne. « Remettre en question le fonctionnement de cette imbrication économique historique est un risque d’ampleur que la gravité actuelle de la situation interdit d’encourir » avance Patrick Linder, directeur de la CEP.
En effet, les risques supplémentaires d’introduction de barrière douanière, de complications administratives, de perte de compétitivités attisent les craintes alors que les incertitudes engendrées entravent de surcroît le déploiement de stratégies de moyen terme. Ajoutée à la cherté du franc suisse - agissant encore et toujours en défaveur de l’exportation – aux difficultés de l’automobiles et aux défis de l’horlogerie mécanique, une rupture de la relation établie avec l’UE et son économie porterait très vraisemblablement le coup de grâce à de nombreuses PME suisses.
Patrick Linder
Directeur
078 819 85 87
0 commentaire